Découvrez le chamanisme

chamanisme

De prime abord, le chamanisme semble regrouper l’ensemble des rites occultes pratiqués par diverses petites tribus à travers le monde. Mais c’est en réalité bien plus ça. Le chamanisme n’est rien de moins que la plus ancienne voie spirituelle du monde.

Qu’est-ce que le chamanisme?

Le chamanisme est une pratique spirituelle présente dans les cultures du monde entier. Elle est vieille de plusieurs millénaires. On peut encore trouver des rites chamaniques pratiqués tout autour du globe. 

Mais vous vous demandez sûrement comment le chamanisme, pourtant inconnu pour l’immense majorité des gens dans notre société occidentale, peut être présent dans le monde entier, alors que ce n’est même pas le cas pour les trois principales religions monothéistes ? L’auteur et enseignant John Matthews nous en donne la réponse dans Le Chaman celtique :

Parce qu’il ne s’agit pas d’une religion organisée en tant que telle, mais plutôt d’une pratique spirituelle, le chamanisme recoupe toutes les croyances et toutes les confessions, atteignant des niveaux profonds de la mémoire ancestrale.

John Matthews

En effet le chamanisme ne concerne pas un seul culte, ni un ou plusieurs dieux, mais un ensemble de pratiques. Ces pratiques ont alors émergé indépendamment les unes des autres tout autour du globe. Le mot chamanisme sert donc à désigner toutes ces pratiques et cultures.

Étonnamment, les pratiques chamaniques sont relativement similaires dans le monde. Bien que, tout au long de l’histoire, les chamans des régions du monde entier ne se soient que très peu rencontrés.

C’est sans nul doute le moyen le plus ancien utilisé par l’homme pour chercher à établir un lien avec la création. Prenant la nature comme maître, il s’intéresse à la vie, au respect de celle-ci, et plus généralement à la manière dont vivent en harmonie l’ensemble des êtres vivants, esprits et forces telluriques présentes sur Terre.

Présenté de manière plus spirituelle, le chamanisme s’intéresse à ce qui se passe sous la surface des choses. Pourquoi certaines situations se produisent et d’autres non? Pourquoi les êtres humains agissent de telle ou telle manière ? Et surtout il traite en point d’orgue de la question des origines et du but de l’existence.

Enfin, le chamanisme n’a ni écritures ni dogmes. C’est donc un mouvement à part de la plupart des autres croyances connues. Il n’a pas non plus de structure hiérarchique, et ne dit pas aux croyants de n’adorer qu’un seul dieu, ou de ne s’associer qu’aux autres fidèles.

Les origines du chamanisme

Comme nous l’avons vu, le chamanisme n’est pas une culture unique. Il est donc difficile de parler précisément de ses origines. Néanmoins, les experts s’accordent à dire que le terme “chaman” est originaire de la tribu Tungus en Sibérie. Le nom est formé du verbe ša, qui signifie “savoir”. Le terme “chaman” peut donc se traduire littéralement par “celui qui sait”.

Bien que le terme ait des connotations spirituelles et mystiques, l’anthropologue Alberto Villoldo souligne par exemple que le terme “chaman” en lui-même n’est en aucun cas lié à une religion ou à une croyance spécifique.

“Beaucoup de gens croient que le chamanisme est une religion”, dit-il. “Bien qu’un certain nombre de chamans dans le monde peuvent s’identifier comme membres de religions organisées, le chamanisme est une pratique spirituelle”.

En réalité, comme le chamanisme n’est pas un système formalisé de croyances, on peut dire qu’il existe depuis les toutes premières civilisations. En effet, on peut trouver des ensembles d’activités partagées par des chamans dans les cultures du monde entier et à n’importe quelle époque. 

De plus, comme ces pratiques sont adaptables, elles ont pu coexister avec d’autres cultures, systèmes de gouvernement et pratiques religieuses organisées. 

De nombreuses religions formalisées, du bouddhisme au christianisme, auraient également des racines dans les anciennes traditions chamaniques, mais les pratiques et les croyances spécifiques varient. Finalement, seuls les objectifs des pratiques chamaniques ne diffèrent pas, et ce depuis les origines. Ces pratiques ont pour but d’accumuler un savoir et des connaissances afin de soigner, prophétiser, diviniser ou réaliser des exploits naturels.

Qu’est-ce qu’un chaman ? Quel est son rôle ?

Dans le monde entier, les chamans sont appelés par de nombreux noms locaux, parmi lesquels sorcier, guérisseur, marcheur entre les mondes, prêtre, etc. Ils  peuvent accéder à cette fonction soit par héritage du rôle de leurs ancêtres, soit en survivant à un accident ou à une maladie, soit en faisant preuve de prédisposition pendant l’enfance, soit plus simplement par entraînement.

Comme depuis le début, de nombreuses différences existent selon les cultures. Les chamans sont par exemple bien souvent des hommes, même si l’on trouve des traces de femmes chamans. Souvent, cela est dû au fait que, dans beaucoup de sociétés anciennes, les femmes avaient pour fonction première de s’occuper des enfants. D’autant plus qu’en général, pour devenir chaman, il faut de nombreuses années d’apprentissage rigoureux, avec de nombreux tests et initiations en cours de route.

Dans son livre, “An Encyclopedia of Shamanism“, l’auteur Christina Pratt définit le chaman comme une personne maîtrisant trois choses spécifiques :

  • des états de conscience altérés,
  • le fait d’agir comme un intermédiaire entre les besoins du monde spirituel et ceux du monde physique d’une manière utile à la communauté,
  • la capacité de répondre aux besoins de la communauté d’une manière que les autres praticiens (comme les médecins, les psychiatres et les chefs religieux) ne peuvent pas.

Tous ceux qui commencent leur formation ne réussissent pas à devenir chamans. Certains peuvent même mourir en cours de route

C’est pour cela que les chamans sont généralement des personnes très compétentes et très respectées par leur communauté en tant que conseillers et guérisseurs. Dans certaines cultures, le chaman trouve alors un rôle de sage, d’ancien, apportant donc la sagesse et dirigeant des cérémonies. Mais là encore, les spécificités des pratiques varient selon la culture.

Selon les cultes chamaniques, les chamans sont en fait capables de travailler dans des états de transe volontaires et extatiques (qui altèrent leur conscience) afin de voyager dans divers royaumes invisibles. Les chamans savent alors accéder aux pouvoirs et aux informations de la nature. Ils étudient et communiquent avec les plantes, les animaux, les éléments et le monde des esprits.

D’ailleurs, historiquement, dans de nombreuses régions du monde, les rois, les reines et les empereurs les ont toujours employés pour les conseiller sur de nombreux sujets. L’exemple le plus connu est Raspoutine.

Les lieux du chamanisme

Même si la culture chamanique n’est pas du tout unifiée, au cours du temps certains lieux sont devenus symboliques. En voici deux exemples : 

  • Le lac Baïkal et le Shaman Rock (Russie)

Le Shaman rock se trouve sur l’île d’Olkhon, la plus grande île du lac. Selon les mythes et légendes des indigènes bouriates, cette île abrite des esprits chamaniques puissants. Ce serait également ici que le premier homme serait devenu un chaman. 

Depuis, cette île est considérée comme le coeur du monde chamanique dans l’hémisphère nord, avec pour lieu saint suprême le Shaman Rock

  •  Stonehenge (Angleterre)

C’est sans doute l’un des plus connus. Stonehenge est un monument mégalithique en pierre debout situé dans le Wiltshire, en Angleterre, vieux d’environ 5000 ans. En 1986, Stonehenge a été ajouté à la liste des sites du patrimoine mondial de l’UNESCO.

La légende raconte que les pierres ont été apportées en Irlande par des géants d’Afrique pour leurs propriétés curatives, puis achetées en Angleterre par le sorcier Merlin.

Le chamanisme dans le monde occidental

Si le chamanisme demeure une pratique universelle, l’Occident est néanmoins un cas à part. C’est en effet dans cet univers que les pratiques chamaniques furent le moins tolérées au fil des siècles.

Ceux qui partagent ces croyances ont souvent été mal compris et considérés avec suspicion et crainte. Les sorcières médiévales ont été brûlées et, plus récemment, les Amérindiens ont été massacrés et leurs lieux ancestraux saccagés à partir de la découverte de l’Amérique. 

Encore aujourd’hui, les aborigènes sont victimes de discrimination et le développement du monde moderne éloigne par exemple les Inuits et les autres peuples autochtones de leurs traditions. Pourtant, paradoxalement, en Occident, on constate un regain d’intérêt pour les religions fondées sur la nature, dont le chamanisme.

De plus, la vision de la vieille école du chamanisme le définissait comme une pratique des tribus asiatiques en Sibérie, d’où le nom lui-même. Et certains chercheurs limitent encore l’utilisation du terme à cette définition très étroite. Cependant, la plupart des chercheurs élargissent l’application du mot aux pratiques chamaniques des peuples indigènes du monde entier.

Malheureusement, le point de vue dominant a traditionnellement exclu le chamanisme occidental. Il existe quelques petits groupes européens isolés qui ont fait l’impasse dessus, notamment les peuples finno-ougriens.

Mais, en général, les cultures européennes ont été considérées comme étant parmi les seules au monde à être dépourvues de tradition chamanique historique. Ce qui est loin d’être une vérité absolue.